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jeudi 14 octobre 2010

Laurent Fabius et les journaleux, à propos du "Cabinet des douze"...

Le 25 septembre dernier la Librairie l'Armitière de Rouen avait organisé une rencontre avec Laurent Fabius.
 Une rencontre et non une simple signature expédiée en un temps limité et parfois même se limitant à recevoir, contre quelques espèces, un ouvrage déjà dédicacé !
Cette rencontre commença donc par une conférence où Laurent Fabius répondit aux questions de l'animateur et(bien sûr !) à celles du public, qui certes était composé de "partisans" de toujours ", avec comme toujours aussi (HÉLAS ! ) un seul habitant de l'Eure, intéressé depuis...toujours par les analyses de Laurent Fabius et ses combats parlementaires et référendaires.

Que dire de l' ouvrage  de Laurent Fabius ?
Rien ! Même si ces derniers mois il est devenu l'un des marronniers favoris de la presse, en ce sens les (le ?) lecteur(s) de ce billet pourront faire une recherche Google sur le thème : Laurent Fabius / Le Cabinet des douze (Un titre et une méthode qui rappellent la légendaire collection : "Trente journées qui ont fait la France",  des éditions Gallimard) ils seront édifiés et auront de quoi occuper leur prochain week-end en lisant toutes les occurrences qui leurs seront proposées.

Comment définir cette ouvrage ?

Le titre se suffit à lui même : Laurent Fabius, l'un des rares Homme d' État que compte ce pays, écrit sur un sujet qui n'est pas celui dont il s'occupe depuis...quelques décennies et avec sa sensibilité d'auteur il nous fait partagé son monde intérieure. Rien de plus, mais rien de moins.

Jadis un autre grand parlementaire (Clémenceau) livra aussi (à ceux qui s'y intéressaient) son "monde intérieur", aventure littéraire qui fit l'objet d'une intervention impromptue de...Laurent Fabius lors de l'inauguration, en avril dernier, de l'exposition : "L'impressionnisme au fil de la Seine" au Musée des Impressionnismes de Giverny.

À partir de ces simple faits, la presse, ne sachant pas à quel "spécialiste" confier cette information ( qui, à vrai dire ne relève pas plus de la rubrique politique, que des rubriques artistiques ou littéraires) les articles publiés sont majoritairement des "copiés-collés" de la quatrième de couverture du Cabinet des douze.
À deux exceptions près qui , à ce titre, méritent d'être signalées.

L'une ayant été cité par le Premier Ministre, lors de son intervention rouennaise, c'est celle que je commenterais en premier.


Il s'agit d'une sorte d'édito paru dans l'un des quotidiens du groupe Dassault (Le Figaro, Lundi 20 septembre 2010,page 40,rubrique Les arts) écrit par Monsieur Adrien Goetz (Normalien, comme Laurent Fabius, historien ayant bifurqué vers l'histoire de l'art il est l'auteur de divers romans) connu aussi pour une préface du "Chef d'oeuvre inconnu", oeuvre de Balzac dont le thème est plus la création, que l'art en lui même et qui à la particularité de se dérouler fictivement en l'Hôtel particulier où (dans la réalité, un siècle plus tard ! ) Picasso réalisa , en quinze jours dit on, Guernica !

Certes le billet de Monsieur Goetz ouvre sur des auspices fastes puisqu'il compare le "Cabinet des Douze" à l'Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou, en oubliant de préciser que si l'édition en livre de poche de cette ouvrage avait connu un "immense succès" c'est en partie dû à la citation que le Président Pompidou fit , de l'un des  poèmes de cette anthologie, lors d'une conférence de presse élyséenne.

 À ce propos, il eut été souhaitable que notre sèvre contempteur du "Cabinet des douze" montrât son indépendance à l'égard des épigones de Georges Pompidou en indiquant que l'édition du livre de Poche (Hachette , 1961) de l'Anthologie de la poésie française de Georges  Pompidou CENSURE (Page 523) le poème "Comprenne qui voudra " , en l'amputant de ces deux dernières strophes !
Strophes, qui pourtant, ne sont pas sans importance, pour qui veut comprendre cette oeuvre de Paul Éluard :
Souillée et qui n'a pas compris
Qu'elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté
Et me mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.





Mais, à l'évidence, la rigueur de Monsieur Goetz est politiquement sélective !

Très vite notre pamphlétaire nous assène un argument d'autorité, sensé nous "ouvrir l'esprit"  ( ! ) sur la valeur des écrits de Laurent Fabius :
"Depuis il (SIC ! Le Premier ministre ! ) s'est forcé, comme les autres, à prononcer des discours avec un vocabulaire de cent mots et à publier des livres où il parlait de carottes râpées"

Ah ! Le livre des carottes râpées ! 

Ce vocable est repris par Madame Magali  Lesauvage dans un article où elle s'interroge sur la capacité de Laurent Fabius  à parler d'art !
"Fan des carottes rapées (SIC ! ) et de la Star Academy, Laurent Fabius, issu d'une famille d'antiquaires, se pique aussi d'art. Il publie Le cabinet des douze, un panorama de l'art qui fait la France. Mais s'y connaît-il vraiment ? Oui (un peu) mais (surtout) non. Revue de détails."

Celles et ceux  qui , comme moi, admirent (depuis l'enfance)  Albert Londres,  qui avec sa seule plume parvint à obtenir la fermeture du bagne de Cayenne, ne peuvent qu'être scandalisé par ce bobard pseudo-journalistique d'un Laurent Fabius qui aurait consacré un livre (une encyclopédie même ! ) aux carottes râpées ! 

Qu'en est il ?

En 2003, Laurent Fabius a publié un livre intitulé : "Cela commence par une balade" 
 qui,  "Mutatis mutandis servatis servandis" reprend la méthode qu'utilisa François Mitterrand pour rédiger "La paille et le gain" à savoir :

 "Ce livre n'a pas d'autre plan que celui du hasard, et d'autre obligation que d'en traduire la nécessité. J'y pratique un genre hybride, ni exactement un journal ni précisément une chronique, bien que ces deux mots soient déjà venus sous ma plume. J'exprime à propos de tout et de n'importe quoi, selon l'heure et l'humeur, ce qui me passe par la tête ..." François Mitterrand in "La Paille et le grain"( Flammarion, 1975, Page 5) 

"Cela commence par une balade",  est la juste application de cette méthode d'écriture (automatique ?) par Laurent Fabius qui, en douze chapitres de quarte paragraphes chacun, se soumet à cette exercice.

Ce qui a été compris par plusieurs commentateurs (Hélas anonyme ! ) de cet ouvrage sur le site de la FNAC , mais les "employés aux écritures" des sociétés de Presse ne s'abaissent pas à lire ces commentaires émanant de types qui achètent et  lissent leurs livres avant de rédiger un commentaire !

Car, sur les quelques cinquante paragraphes que compte ce livre de 240 pages une seule est consacrée aux carottes râpées ... en réalité, § titré :" Hommage à un inconnu célèbre" page 43 et début de la page 44 du chapitre Octobre 2002.
Paragraphe drolatique venant après un autre(dramatique) intitulé : "Jouer avec les rats" écrit d'une rare sensibilité (Lire en ce sens le commentaire anonyme qu'un lecteur de Vernon , Eure, lui a consacré le 23 mai 2005 sur le site de la FNAC ) où,  en quelques lignes, Laurent Fabius  traite de la dégradation des cités qui ont été construite après-guerre, dégradation qui, en quelques décennies, fait que des enfants n'ont plus d'autres compagnons de jeux que des rats, alors que lors de leur édification ces "Grands ensembles" étaient considérés, par leurs habitants, comme "des paradis sur terre".
Mais il est, de toute évidence, que cette étude (doublée d'un coup de gueule !) de Laurent Fabius sur les causes de la dégradation des conditions de vie des habitants des banlieues ne concerne pas Madame Magali Lesauvage et encore moins Monsieur Adrien Goetz !!!
Pour nos deux "journalistes" un livre de 240 pages se résume aux deux pages qui sont prétextes à leurs saillies maurassiennes !

Et pourtant, en lisant plus avant ce remarquable "Cela commence par une balade", ils seraient parvenus à un paragraphe intitulé... DE STAEL (Chapitre Mai 2003, pages 178 à 179)

Comment ! Laurent Fabius avait déjà parlé de peinture dans "le livre des carottes râpées" !

Et oui ! LIRE DES LIVRES AVANT D'EN PARLER OFFRE DE GRANDES JOIES MESSIEURS LES JOURNALEUX (En 1902, lorsqu'il forgea ce terme,  Bruant n'avait pas pensé à son féminin Journaleuse, acception retenue depuis par mon homonyme Alain Rey ! )
Un écrit sur Nicolas de Stael en tous points remarquable et ce pas seulement à raison de son style d'une concision fulgurante.


Or non seulement nos billettistes du Figaro (Monsieur Goetz) et de Mediapart (Madame Lesauvage) n'estiment pas de leur devoir d'informer leurs lecteurs que  Laurent Fabius avait déjà livré quelques éléments de sa réflexion sur l'art dans un précédent ouvrage mais , ce qui à mes yeux de juriste est évidemment infiniment plus regrettable, Madame Magali  Lesauvage se croit autorisée à.... la formulation est délicate, car après tout il n'est pas impossible que ce que je considère comme un acte délibéré ne soit dû qu'à une rédaction trop rapide de l'article (lien ci-dessous)

de Madame Lesauvage,  qui a peut être été si rapide à publier son billet que lorsque notre spécialiste de l'art écrit :
 "Parfois les raccourcis sont vertigineux, Fabius ayant sans doute digéré un peu trop vite ses cours d'histoire de l'art : « La peinture française des années 1950, souvent méconnue, est dominée par l'abstraction inspirée des dernières œuvres de Monet et de la peinture d'Extrême-Orient », faisant ici référence sans doute à Georges Mathieu, mais laissant de côté Nicolas de Staël, Balthus ou Jean Dubuffet." 
ELLE N'AURAIT SIMPLEMENT PAS VU (En le "laissant de côté" !)  QUE LAURENT FABIUS CONSACRAIT DANS "LE CABINET DES DOUZE" UN CHAPITRE DE 14 PAGES (Sur 12 Chapitres et 207 pages !) À L'OEUVRE DE NICOLAS DE STAËL !!! 
Article illustré par de nombreuse photos d'oeuvres de Nicolas de Staël !

En digne juriste, qui ignore tout des difficiles conditions d'écriture de Madame Lesauvage, je veux croire que tapant son texte d'une main et réservant l'autre à tourner les pages du "Cabinet des douze" elle ait succombé au pot de confiture, qu'elle avait placé à côté d'elle, et qu'ainsi notre chercheuse aurait sauté, en toute bonne foi, QUATORZE PAGES COLLÉES ENSEMBLE PAR LA CONFITURE  !
(Voir en ce sens la vidéo de la célèbre chanson des Frères Jacques : La Confiture  et lire le texte de cette oeuvre,  qui devrait bénéficier (toute affaire cessante !)  d'un billet de Madame Lesauvage !

 Madame Magali Lesauvage contraint donc  ses lecteurs (si nombreux !) à acheter "Le Cabinet des douze" et pourquoi  pas aussi : " Cela commence par une ballade" pour accéder à un texte intelligible et lumineux sur l'Oeuvre de Nicolas de Staël !


Reproduction de l'une des oeuvres de Nicolas de Staël, figurant dans "Le Cabinet des douze" en tête du chapitre Sports et peintures (Page 160 à 175) qui traite de ce peintre.

Mais n' arrêtant pas ma lecture du "Cabinet des douze" à ce chapitre traitant (n'en déplaise à Madame Lesauvage !)  de Nicolas de Staël, j'aimerais  dire un mot sur le chapitre qui suit :
 "Peindre pour tous", le chapitre "Tintin", comme le résume les journalistes à la vu de la vignette extraite de Tintin au Congo, qui débute (page 176) ce chapitre.
 Journalistes qui cependant n'avaient pas vu (page160) la reproduction des Footballeurs de Nicolas de Staël (Voir ci-dessus) qui débute le Chapitre 10 "Sports et peintures" consacré à Nicolas de Staël ! ...BON ! Passons !
Monsieur Adrien Goetz  écrit à ce propos : "Il (SIc ! Toujours le Premier ministre) se fait peur en ajoutant Tintin. Que ses enthousiasmes sont convenables ! "

ET BIEN NON ! 

J'aurais pu me contenter d'écrire : "convenable pour un lecteur du Figaro"  seulement , depuis 2005 (Et la Campagne du NON au TCE) sur l'excellent conseil de Robert Hue (avant qu'il ne participe à des meetings aux côtés de Madame de Sarnez !) je suis abonné à ce que Robert nommait : "Son journal de classe" :  Le Figaro .

Et bien même pour un abonné (d'extrême gauche !) du Figaro cela ne passe pas !

Tintin, est certes un brave gars, bien gentil ( même si j'ai toujours préféré le professeur Mortimer et Alix à ce "héros") la difficulté c'est qu'il a un Père, un Père qui (Chacun le sait !) aimait bien représenter les méchants avec "des têtes pas très catholiques".
 Sujet que ne je connais que trop,  puisque j'ai crée sur la Coopol,  "Le groupe (400 membres) de ceux qui n'ont pas la tronche très Frêche", groupes illustré d'une belle photo extraite d'une étude sur le Juif Süss et la propagande nazie


Juif  Süss qui , à n'en pas douter, a dû servir de modèle au méchant Blumenstein (même si ce nom fut remplacé après guerre par ce lui de Bohlwinkel ) de "L'Étoile mystérieuse".
Oserais je écrire que ce choix par Laurent Fabius de parler des créations de Monsieur Georges Rémi me trouble ? !
En précisant que, cependant,  je ne suis pas un opposant à Laurent Fabius, même si je suis aussi fréquemment troublé par certaines pratiques du courant (PS) dit Fabiusien, mais ceci est une autre histoire, s'il m'est ainsi permis de paraphraser mon F.°. Kipling  !
Alain Rey-Hartmann,